Le récit qui suit est tiré d'un chant dans la langue de mon pays, fort lointain du votre que je retranscris ici sous forme de récit ce qui plaira d'autant plus à votre oreille et à votre vue. Les ancêtres avaient l'habitude de le chanter ou de simplement le raconter près d'un feu rougeoyant, dans une vaste salle de pierre et dorée ou à l'ombre d'un pin cendré, sous le regard de la lune. En tout cas, ce récit se faisait toujours en présence d'une chope ou deux de bières brassées des Montagnes Blanches, ma patrie. Pour préciser avant votre lecture, nous, les Nains de ma contrée vivons sur une île, non pas une île continent mais une vaste île avec de grandes montagnes où tombent la neige et où le dur vent froid fait sa loi.
Dans un temps reculé, fort reculé de notre époque actuelle, où seul le Soleil illuminait notre monde, les Dieux ancestraux créèrent notre vaste île. Ils déposèrent dans la mer, un vaste caillou fait de roche, de terre. Le premier des Dieux qui y déposa cette masse informe de roche -d'une beauté incomparable que nous taillons encore aujourd'hui- vint ensuite la sculpter muni d'une hache d'or; dans ces grands fracas et grandes taillades, l'or avec laquelle était faite la hache se répandait dans la roche en formant de grandes veines, de grands ruisseaux, de grands fleuves d'or. Les astres lunaires et solaires, créèrent nos plus belles gemmes, la Lune créa les diamants, les cristaux; le Soleil, lui, créa les rubis, les saphirs et les émeraudes.
Le premier des Dieux après avoir sculpté la forme de notre île actuelle partit et laissa faire les autres Dieux. Le deuxième Dieu était une déesse, d'une beauté incomparable; elle s'approcha de l'île en formation et de toute ses forces, elle souffla le plus fort possible sur ce caillou fait de terre et de roche. Dans son puissant et tendre souffle était contenu des milliers, des millions de graines; des graines pour former de vastes pelouses, pour créer des forêts incroyables, elle sema des centaines d'espèces de fleurs et de céréales pour préparer la vie qui allait venir ensuite. Après avoir réaliser ce travail d'orfèvre, elle s'en alla et disparut dans l'obscurité; le troisième Dieu vint poursuivre le travail.
A ce moment, l'île était fleurie, de vastes étendues vertes s'étendaient à perte de vue et le sol croulait sous les richesses laissait par les Dieux.
Le troisième Dieu, alchimiste et buveur, créa les ruisseaux, les fleuves, les lacs et creusa les premières nappes phréatiques. Dans un déluge d'incantation incompréhensible, dans un brouillard d'herbes séchées en train de se consumer; le Dieu répandait avec une colère inconnu une pluie torrentielle sur notre terre. Pendant des semaines, pendant des mois, pendant des années, la terre se gorgea d'eau, les fleuves déversaient maintenant une quantité d'eau impressionnante, les réserves souterraines étaient pleines à ras-bord. La figure de notre île changea profondément, des éboulis, des glissement de terrain eurent lieu, le terre qui autrefois était à la surface de petites montagnes, glissèrent vers la vallée et laissèrent trôner maintenant ces cols, la roche pouvait respirer. Ce Dieu créa également les climats et surtout les saisons. La neige commença à s'écraser et à se blottir sur les vastes montagnes qui devenaient blanches. Et comme tous les autres, il partit voyant que son œuvre était accomplie.
Le dernier des Dieux, le quatrième, remplaça l'alchimiste; il usa du travail de tous les autres. Les autres créèrent la roche, la terre, les végétaux, l'eau, les climats et les saisons; il usa de tout ce travail pour les lier et créer le feu, la lave, le tonnerre, la grêle ou encore les vies primitives. Il créa les poissons, les bêtes, les insectes; il peupla ce monde d'esprits primitifs et il créa entre eux une pyramide des forces, il établit qui serait le plus fort et le plus faible dans ce vaste monde. Il resta longtemps à regarder ce spectacle artificiel car tout cela était le travail des Quatre Dieux.
Les siècles passèrent, un millénaire passa et les Dieux se rejoignirent autour de cette île, fruit de leur dur labeur divin. Ils se prirent tous la main et formèrent un cercle. Les nuages s'assombrissaient et le Soleil n'était qu'une faible bougie dans une vaste salle noire. Ils récitèrent tous une incantation aux paroles lumineuses et caverneuses; dans cette grande cérémonie, ils mirent en œuvre leur plus puissant pouvoir au service de ce rituel d'incantation. Dans un puissant fracas aussi assourdissant qu'un grondement de la terre et qu'un éclair déchirant le ciel, ils se volatilisèrent en une masse uniforme jaune, d'une brillance étincelante comme le Soleil. Cette orbe resta en suspension dans l'air un petit moment. De cette orbe partit des dizaines de petites gemmes blanches, rouges, vertes et bleus. Elles se posèrent sur le sol et attendirent là; elle se posèrent un peu partout sur l'île mais principalement près des montagnes. L'orbe luminescente continuait à troner dans le ciel. Après que toutes les gemmes soient partit sur l'île, l'orbe se posa près d'un groupe de gemmes. Celles-ci s'ouvrirent comme des chrysalides au printemps et en sortirent des êtres petits munies d'une large et grande barbe; les Nains venaient de naitre de la main des Dieux. L'orbe était toujours là, près d'eux, quand sur toute l'île les petites gemmes s'ouvrirent, l'orbe s'ouvra elle aussi comme un cocon d'or et d'argent parsemé de diamants. De cette orbe divine sortit un Nain semblable à tous les autres par son allure générale mais son allure était vive et il ne découvrait pas ce monde, il l'avait crée. Il était le descendant des Dieux mêmes; il n'était même pas cela, il était les Dieux, les Quatre Dieux réunis en un être incroyable doté des connaissances et des pouvoirs de chacun de ces Dieux.
Ce Nain, ce Dieu des Dieux, se nommait Durin qui signifie en mon langage: tous les Nains. Il possédait le savoir des Dieux et il était envoyé pour le faire apprendre et aider les premiers Nains à survivre. Il leur apprit à vivre et leur enseigna les premiers savoirs primordiaux des Nains tel que la Forge, l'.....
Ce texte s'arrête là; en effet, avant que cette chanson orale ne se perde de génération en génération, nos scripts retranscrirent la chanson sur des manuscrits et sur des parchemins et les placèrent dans la grande bibliothèque royale de ma cité-les textes connurent une histoire plus compliquée, ils connurent la fuite face à la guerre- dans la région des Montagnes Blanches et la chanson qui fut rapportée était incomplète.
Retranscrit et traduit par Thoronk Dengilgrung.
