(Comme je sais pas du tout où mettre ce sujet, je le met ici. C'est une petite introduction pour un nouvel univers un peu spécial. J’essayerai de faire des textes plus longs ensuite. Sur ce, bonne lecture
)
Le loup rouge est un dangereux chasseur des forêts d’Arnorix. Un grand loup au pelage noir, au dos pourpre et aux puissantes mâchoires. Ils chassent en meute, traquant les plus gros gibiers et les abattants sous le poids du nombre. Ah quel spectacle sublime mes amis que de les voir mettre à mort un cerf des plaines, pourtant si agile et musclé à la fois, sans subir de pertes ni de blessures graves. Il y a-t-il plus bel acte de coordination que celui d’une bande de ces canidés repoussant un ours des grottes, une bête si puissant et si dangereux qu’elle brise les arbres comme les os de ses victimes ? Leur férocité n’a d’égale que leur courage, ils sont si redoutables que même les immenses gigatherium leur servent de proie.
Ce sont de terribles prédateurs. Ce qui n’empêche pas les nains des terres d’Arnorix de les vénérer.
La procession des druides avançait lentement. Les nains en robes brunes encapuchonnées marchaient silencieusement, menés par le chef de leur ordre, le puissant Amankaa. Quatre d’entre eux tenaient de larges bâtons sur lequel reposait la carcasse d’un cerf des plaines fraichement tué et préparé. Amankaa et sa barbe blanche tressée les guidait à travers la forêt Centipos vers un autel bâti par les ancêtres de leurs ancêtres. Il connaissait bien le chemin, l’ayant emprunté de nombreuses fois en tant que disciple, puis en tant que druide avant d’atteindre le rang de makta-druide et d’être autorisé à revêtir la robe blanche qu’il portait actuellement. C’était un grand honneur, tout comme une grande responsabilité que de porter cet habit. Amankaa servait de conseiller aux rois nains, de professeur, de devin et, aujourd’hui, il présidait la cérémonie du premier jour du printemps.
Les nains qui le suivaient en silence et transportaient l’offrande étaient des druides des quatre coins d’Arnorix. Ils avaient été appelés et les plus savants d’entre eux avaient été choisi pour porter le corps de l’animal jusqu’à l’autel. Beaucoup avaient déjà traversé cette forêt et surent qu’ils n’étaient plus très loin, ayant dépassés le fleuve Aurgoros. Le bois sacré de Centipos était déjà vénéré quand leurs grands-pères étaient jeunes et il le sera encore quand la barbe de leurs petits enfants blanchira. Bientôt le meneur vit apparaitre les poutres en bois indiquant l’entrée du sanctuaire.
C’était une construction plutôt simple : quatre poteaux de bois ronds et gravés de symboles nains : triskel, monade, triquetra ou feuilles de chênes, indiquant les angles d’un bâtiment sans murs ni toit. Le sol en bois de chêne seul rappelait aux voyageurs l’importance de ce lieu aux yeux des nains. Au centre de la construction se dressait une pierre blanche, taillés en un bloc gravé de la même façon que les piliers de bois, avec les mêmes symboles. Un visage stylisé se dessinait au centre de l’autel, un visage barbu avec des cornes de cerfs.
Le makta-druide prit place en face de l’autel tandis que l’offrande était placée dessus, entourée par une bande de lin afin de préserver l’autel intacte et de retenir l’énergie de l’animal. Les druides se placèrent légèrement en retrait et baissèrent la tête tandis qu’Amankaa levait son sceptre en bois de chêne terminé par un visage de bronze, barbu et souriant. Le vieux nain retira sa capuche, révélant un visage ridé et sévère, impression accentuée par les mèches de cheveux tressés lui tombant sur le visage, et par la barbe blanche qui lui atteignait presque le nombril, barbe nattée elle aussi et retenue par des ornements en argent, brillants comme la rosée sur la neige de l’hiver qui se finissait. Son torque doré rappelait le guerrier qu’il avait été jadis.
D‘un ton puissant, il prit la parole et s’adressa à la forêt :
« Oh puissant Cernunnos, seigneur des forêts et gardien de nos ancêtres, nous t’apportons cet animal sacré en signe de remerciement pour l’année prospère et pour le retour du printemps. Puisse cette année être prospère et le printemps généreux ! Oh puissant seigneur Cernunnos, que ton loup s’empare de notre offrande en ton nom, que son sang t’apporte force et courage. »
A peine eut-il fini qu’un loup rouge émergea d’entre les arbres et se tint face à l’autel, immobile et silencieux. Il regarda le makta-druide dans les yeux sans sourciller, le dépassant d’au moins une tête au garrot. Aucun nain ne réagit à la présence de l’énorme bête qui pouvait à tout moment leur sauter dessus pour les dévorer sans le moindre mal.
Amankaa baissa les bras et remit sa capuche sans rien dire, après quoi il s’en retourna d’où il était venu. Les autres nains le suivirent sans prononcer le moindre mot, regagnant le grand temple de Dagda avant de se séparer pour rejoindre leurs villages d’origine où de grandes cérémonies avaient lieux pour fêter le retour du printemps, cérémonies qui se ponctueraient d’offrandes et de sacrifices qu’ils devraient présider.
Le makta-druide savait que le dieu avait accepté son offrande. Un printemps généreux s’annonçait.