Romarik Levert
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 | | Sujet: Livre des vainqueurs des récits Dim 7 Fév 2010 - 12:50 | |
| Année 2009
Janvier 2009:
Vainqueur du [Concour n°1]: Turgon !!! - Citation :
- Hufnir s'arrêta brusquement en apercevant la caverne et se mit à la dévisager. Non, pas avec un intérêt, loin de là! Hugnir n'était pas un nain curieux, même plutôt le contraire, et il estimait qu'il avait raison de se comporter ainsi. Ce trait de son caractère lui avait rendu de bons services, autrefois. Par exemple, lorsqu'il est tombé sur Gromnar, le chef cuisinier de la Cour, étendu sur une caisse de bière-vide-portant le sigle "réservé à la table du Haut Roi". Ou alors, lorsqu'il a trouvé cette pierre qui marquait, d'après les runes dont elle était couverte, le lieu où fut enterré le trésor de la forteresse perdue de Karak Varn...bon, ça, c'était peut-être pas le meilleur exemple; mais Hugnir n'aimait pas se remettre en question. Et cette fois-ci, il ne se serait jamais arrêté devant cette grotte, si la chaleur n'était pas aussi torride. Hugnir était fier de sa barbe longue et hirsute mais actuellement son menton lui démangeait horriblement et il sentait la sueur couler à flots, et le fait qu'il était trop pauvre pour se permettre des vêtements autres que ceux en peaux de bovins qu'il élevait lui-même n'arrangeait rien à sa situation.
La caverne lui avait apparu tel un mirage, une chance inespérée de salut, une promesse de béatitude...quoi que, non. Hugnir n'était pas du genre à s'extasier de la sorte et de toute manière son vocabulaire plus que réduit ne lui aurait pas permis de le faire même s'il l'eut voulu. Après plusieurs minutes d'intense réflexion lui vint l'idée de s'installer dans la fraîcheur et la pénombre et de faire un petit somme en attendant la fin de l'après-midi. Ses bovins étaient plutôt des bêtes tranquilles et ils ne bougeraient pas tant qu'il y avait de l'herbe dans les environs-et il y en avait en suffisance pour un troupeau cent fois plus gros. Hufnir fit donc quelques pas lords en direction de la grotte...
Au même moment, dans l'univers infernal du Warp, une immense secousse parcourut les courants de la magie. Les psykers se tordaient de douleur alors que les sorciers sentaient leurs pouvoirs filer d'entre leurs mains. Loin au nord des montagnes du Bord du Monde où nous avons laissé notre pauvre Hufnir, dans son cauchemardesque donjon de bronze, l'immonde Ergrim Van Horstman se tourna brusquement vers l'un des portails qui lui montraient des visions venues de tous les endroits de l'univers et se mit à le scruter attentivement. Au sommet de la tour de Hoeth apparut le puissant Archimage Teclis et tourna son regard vers d'étranges signes se dessinant dans le ciel qu'il était l'un des rares à voir et le seul à comprendre. Dans les jungles moites de la Lustrie, au sommet d'une primitive mais titanesque pyramide, une lueur de conscience remua dans la momie décomposée du Seigneur Kroak. Tous les trois attendaient quelque chose, mais quoi?
Hugnir n'en savait rien et à vrai dire était loin de brûler d'envie de l'apprendre. Il s'enfonça à l'intérieur de la caverne, fit quelques pas, puis se coucha en maudissant les elfes qui, il en était parfaitement convaincu, avaient disséminé ici des cailloux pointus dans l'unique but d'empêcher le repos mérité d'un pauvre vacher nain. Il n'y avait rien à faire, ce lieu n'était guère adapté à une sieste prolongée. Hugnir se leva d'un bond et s'apprêta à partir, lorsque brusquement il aperçut un scintillement au fond de la grotte. Il hésita quelques instants, puis, imaginant qu'il s'agissait d'une source d'eau, décida de s'y abreuver et avança résolument vers cette lueur.
La monstrueuse cacophonie qui agitait le Warp s'interrompit aussi brusquement qu'elle avait commencé, faisant place à un silence épouvanté. Les trois plus puissants jeteurs de sorts du Monde Connu restèrent un instant immobiles, la même pensée obnimbulant leurs esprits: "Elle a été retrouvée!!!". Puis, comme sortant de la torpeur, ils se mirent à s'affairer à une vitesse incroyable. Des ordres télépathiques fusaient dans toutes les directions; les plans et les combinaisons complexes se faisaient et se défaisaient; des décisions qui allaient décider de l'avenir de peuples entiers étaient prises à la hâte: quelque chose avait tellement perturbé les intrigues élaborées avec art et amour des grands magiciens, qu'ils n'allaient désormais reculer devant rien pour pouvoir être prêt à temps. Chacun savait que les deux autres savaient aussi, mais il n'allait y avoir qu'un seul gagnant.
Hugnir, lui, ne savait à ce moment qu'une chose: qu'il allait parvenir à cette source d'eau et y boire. Il faut dire que c'était un nain très, très têtu, même selon les critères nains, ce qui n'est pas peu de chose! Doté d'une fainéantise hors du commun, il ne se décidait à faire quelque chose qu'extrêmement rarement, mais s'il prenait une décision, il la mettait en oeuvre, coûte qui coûte.
Cette fois-ci, toutefois, cela allait vraisemblablement se révéler plus complexe que prévu. Le scintillement que le nain avec aperçu de l'entrée de la grotte se trouvait à la vérité bien plus loin qu'il ne l'avait cru au premier abord. Il marcha les premiers mètres, puis dût se baisser, puis ramper à quatre pattes, car le conduit devenait de plus en plus étroit. Mais il ne faut pas oublier que Hugnir était un nain, et comme tous les nains, il se sentait à l'aise dans toute sorte de souterrain. Après quelques minutes de tortillements et d'efforts assortis d'un nombre de jurons à faire pâlir un elfe de bonne société, le vacher laissa la partie la plus étroite du conduit derrière lui et se retrouva dans une petite grotte, de celles que les nains appellent communément "sac de pierre": sans forme précise, elle ne faisait que quelques pas de circonférence. L'objet scintillant(maintenant Hugnir comprenait bien que ce n'était pas de l'eau, mais il n'allait quand même pas abandonner si près du but juste parce qu'il n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait!) se trouvait à l'autre extrêmité du "sac". Le nain fit un grand pas en avant pour le saisir, mais...se heurta contre un mur invisible et s'étala sur le sol!
Les préparatifs ont été achevés en un temps record. Pas un seul des maitres de la magie n'avaient réussi à approfondir leurs plans autant qu'ils le voulaient-ou même autant que la simple prudence aiguisée par des millénaires de haine, de trahisons et de mensonges recommandait. Mais il n'était plus temps de faire dans la dentelle. Il fallait aller fort, aller droit, aller vite.
Au-dessus des vertes contrées de Saphery, une volée de pégases s'éleva des écuries de la Tour Blanche, portant sur leurs dos les meilleurs Maitres des Epées triés sur le volet et menés par l'Archimage Teclis en personne, qui brandissait son épée étincelante. L'armada volante se déploya majestueusement, puis, portée autant par la magie que par les ailes puissantes des pégases, telle un trait d'argent, fila vers l'est et disparut derrière l'horizon.
Dans les sombres contrées corrompues par le chaos, un immonde dragon à deux têtes s'envola lourdement, portant sur son dos le héraut de Tzeench, et une myriade de gargouilles, de hurleurs et d'autres créatures démoniaques se précipitèrent dans son sillage.
Le seigneur Kroak leva sa main momifiée, et son trône richement décoré s'envola du sommet de la pyramide et attérit en contrebas, au milieu de ses Gardes du Temple. Un grand portail s'ouvrit brusquement au milieu de la Cité-Temple, et les guerriers d'élite du peuple des Hommes-lézards y entrèrent en rangs serrés, suivis par leur maitre spirituel.
Hugnir se releva prestement, bouillant de rage. Ne trouvant rien de mieux, il se jeta de nouveau en avant, tête baissée...mais il se heurta de nouveau à un obstacle invisible et chuta durement sur le sol de pierre. Alors il se releva, et ne pouvant plus se retenir, hurla à tue-tête un juron tout simplement magnifique, une véritable oeuvre d'art, le summum de cette tradition proprement naine à grommeler en permanence avec ou sans raison. Plus jamais le monde n'entendra un juron de la sorte, et jamais auparavant il ne l'avait entendu...sauf une seule fois.
Hugnir était à bout de souffle lorsque sa tirade était terminée. Il chancela, battit l'air des bras...et tomba vers l'avant! Le mur invisible qui l'avait retenu n'existait plus! En émettant un grognement de triomphe, le nain bondit sur l'objet de sa convoitise tel un ours sauvage sur sa proie. Celui-ci se trouvait être un coffret de cristal recouvert de runes anciennes, attaché aux parois de la caverne par sept imposantes chaines de bronze. Peut-être que, s'il avait aperçu une chose aussi étrange à un autre instant, Hugnir serait passé à côté en s'efforçant de ne pas y penser. Peut-être même, allant à l'encontre de ses principes, il en aurait parlé à un Maitre des Runes. Mais à ce moment-là, cette idée ne lui venait même pas à l'esprit. Il ouvrit le coffret avec sauvagerie et, sans prêter attention aux secousses qui agitaient la terre et au grondement du tonnerre au lointain, en extirpa son contenu: une couronne. Une grande couronne en or, incrustée de pierres précieuses et d'inscriptions runiques. Même un être aussi éloigné de l'art que Hugnir ne pouvait s'empêcher de l'admirer un instant. Mais au moment où il s'apprêtait à la reposer à se place, le plafond de la caverne explosa.
Les trois magiciens se faisaient face. Le grand archimage Teclis se dressait sur son pégase qui avait atterri sur un contrefort rocheux. Sa lame fine et gracieuse brillait d'une lumière argentée et immaculée, qui rappelait celle des lunes avant que la souillure du chaos ne les déforme à jamais. Derrière son dos, la fleur de l'élite de la race elfique en déclin, les Maitres des Epées de Hoeth, avaient formé un arc de cercle, leurs mains sur les gardes de leurs grandes épées qui apportaient la mort à chaque coup.
Le terrifiant Ergrim Von Horstman restait dans les cieux, dévisageant avec supériorité ses adversaires en contrebas. Il était vraiment l'incarnation du Chaos, juché sur la créature la plus pervertie, mais aussi la plus puissante, de toutes celles qui se mettaient au service de la ruine, entouré d'une myriade de démons mineurs qui voltigeaient en poussant des cris perçants.
Le vénérable seigneur Kroak était immobile sur son siège flottant à quelques mètres du sol. Autour de la lui, grouillait la masse de ses gardes de corps, qui semblaient n'être que de vulgaires lézards mais dont la force et la résistance étaient incomparables. Le slann semblait n'être qu'une antique momie, mais les deux autres n'étaient pas dupes: il était au moins de la même force que chacun d'eux.
Les trois magiciens frappèrent en même temps. Sous la débauche de la puissance magique, le roc fut désintégré, laissant apparaitre...un nain, à l'air minable, qui les dévisageait avec ses yeux exorbités.
La surprise fut totale. Chacun des maitres de la magie s'était attendu à tout, sauf cela. Chacun était convaincu que c'était l'un des autres qui avait tout manigancé; et maintenant à la surprise et à la peur se mêlait la honte de s'être trompé aussi grossièrement. D'un coup, leur haine et leur combattivité semblait avoir disparu. Ergrim Van Horstman eut un mouvement vague de la main. Teclis, sans conviction, envoya une impulsion psychique vers les deux autres magiciens, qui, à sa surprise comme à leur propre, y répondirent.
-Bon...eh bien? marmonna l'Archimage elfique
-On fait comment, maintenant? s'interrogea le sorcier du chaos
-Je crois qu'il faut trouver un arrangement, proposa le slann momifié.
-Faute de mieux..., commença Van Horstman
-Faisons comme si rien ne s'était passé!- s'empressa de l'interrompre Teclis. - On prend la couronne et on la téléporte à un endroit inconnu de nous-mêmes, en la protégeant par un enchantement plus efficace que celui-ci...
-On ferme la paranthèse, en quelque sorte...-ajouta Kroak.
-Très bien!- s'exclama Ergrim, visiblement soulagé.- Mais à une condition: pas un mot de cette aventure! Cela reste entre nous!
-La peur de se ridiculiser est plus grande que la volonté de ridiculiser son ennemi-remarqua le slann, philosophique.
-Au travail, alors! - conclut Teclis, presque joyeux.
Les trois grands unirent leurs forces et la couronne que Hugnir tenait à la main se volatilisa aussitôt. Déformant le tissu de la réalité, les magiciens la confièrent aux hasards du Warp, de la sorte que nul être ne pourrait jamais suivre son mouvement, et lancèrent plusieurs enchantements de protection pour s'assurer que celui qui s'en emparera la prochaine fois, le regrettera amèrement. Puis, satisfaits de leur travail, ils s'apprêtèrent à partir.
-Attendez! Et que fait-on de ce nain?- demanda Van Horstman
-Ah! Lui! - Teclis ne pouvait plus cacher son indignation envers cet être insignifiant qui s'est rendu responsable de l'échec le plus flagrant de sa vie.
Et le Seigneur Slann de la Première Génération leva sa main, et un flot de lumière céleste s'abattit sur Hugnir, le détruisant entièrement, pulvérisant son corps, son esprit et son âme, dispersant son essence à travers l'univers.
Et le Maitre Archimage de Hoeth jeta un grand sortilège qui, s'immisçant dans la structure même du temps, le modifia subtilement et en raya toute allusion à l'être dénommé Hugnir Thyarisnef, à tous ses actes, volontés et pensées.
Et le terrifiant Héraut de Tzeentch prononça une terrible malédiction qui frappa toute la descendance et les proches de Hugnir, les affligeant des plus grands malheurs, pour toujours et à jamais.
Puis, les trois magiciens les plus puissants se tournèrent, et s'en furent dans la plus grande dignité. Et leurs suivants se réjouissaient, car ils étaient convaincus que ce jour, leur maitre avait accompli une grande victoire, un exploit héroïque de plus à ajouter aux glorieuses annales de leur vie. Et jamais ils n'étaient plus loin de la vérité. Car il n'est pas d'échec plus grand que celui qu'on refuse de reconnaitre. ??? 2009:
Vainqueur du [Concour n°2]: ??? !!! | |
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